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VDM (vie de maraîcher), comment j’ai planté 2000 betteraves

Résumé de l’épisode précédent. Quatre jours durant, une belle brochette de parisiennes ont troqué smart-phone et vélib contre binette et chapeau de paille. Objectif : donner un coup de main à Thomas Boonen, maraîcher-bio-junior dans le Pas-de-Calais. Le premier jour, elles ont testé les mille et une positions pour désherber les rangs d’oignons sans se briser le dos. Sauront-elles planter 3000 betteraves sans se casser un ongle ? Vous le saurez dans ce second épisode.

Bébés betteraves prêts à être plantés.
Bébés betteraves prêts à être plantés.

« Voilà, les plants. » Devant la trentaine de cagettes jaunes contenant de jeunes pousses de betteraves aussi serrées que les passagers de la ligne 13 aux heures de pointe, Thomas nous livre le mode d’emploi. « Il y a ici 2000 plants, des betteraves rouges et des blanches à planter d’ici ce soir sur mon nouveau terrain. On va d’abord préparer la terre, y faire des petits trous tous les 20 centimètres et y loger les demoiselles dedans. » 2000 plants divisé par les 6 courageux que nous sommes est égal à 333,33 par tête de pipe. Va pas falloir traîner.

Femme au volant...
Femme au volant…

Préparer la terre, si je ne m’abuse, ça veut dire monter sur le cultirateau ? Il y a un an tout juste, Thomas achetait cet outil magique grâce à 140 généreux contributeurs. J’essaie de me rappeler le pitch sur le site de KissKissBanBank : « à l’avant de la machine tirée par un tracteur, une fraise ameublit le sol sans le tasser. A l’arrière, un râteau éclate les mottes, ratisse et forme une butte, lit des futures semences. » Je grimpe donc sur l’engin. Derrière moi, une belle plaque en acier avec le nom gravé de tous les contributeurs me soutient. J’appuie sur la pédale. C’est parti pour la préparation d’une belle planche de culture à 3 km/h. Concentrée pour ne pas dévier, j’emmène ma monture jusqu’au bout du champ. L’engin dessine une belle planche bien lisse, aérée en surface comme dans les livres de jardinage. En profondeur, les mottes de plus en plus grosses permettent aux plantes de prendre racine. En un passage, la terre est prête à être ensemencée. La classe.

J'fais des trous, des ptits trous encore des ptits trous.
J’fais des trous, des ptits trous encore des ptits trous.

Deuxième manip’ : perforer la terre de petits trous pour accueillir nos plants. Thomas sort un outil venu de nulle part. Réalisé par un artisan du coin, ce croisement entre un rouleau compresseur et un Stégosaurus que l’on tient à bout de bras ponctue la terre de petits trous réguliers. Le sol est prêt, il faut désormais planter les mini-betteraves qui se résument actuellement à deux feuilles dans une mini-motte de terre.

Plantation à main...
Plantation à main…
... ou "à la chaîne"
… ou « à la chaîne »

Chacun choisit sa technique, la plantation à la main ou la version plus chaplinesque de l’affaire. Trois personnes assises sur un genre de chariot bricolé, tiré par un tracteur. Il aurait pu y avoir des sièges, voire des coussins, il n’en est rien. On est assis sur une barre de fer de 5 centimètres de large qui vous lacère l’arrière-train. Maso les bio ? Ca se confirme. Dans notre embarcation de fortune, on avance dans le rang, pliés en deux pour mettre les plants dans le sol en cadence. Même si Sébastien (l’un des acolytes de Thomas) n’est pas du genre à faire vrombir son tracteur, l’exercice met la pression. Pas question de rater un trou, chacun doit être pourvu. 1/ prendre le plant dans la cagette, 2/ le plonger dans le sol, 3/ refermer le trou avec un peu de terre. Et on recommence. Au début on se concentre sans dire un mot, on parle des troubles musculo-squelettiques, puis on prend le pli et on reprend allègrement la discussion de la veille.

Et en cadence s'il vous plait.
Et en cadence s’il vous plait.

Pendant ce temps-là, l’équipe à mains nus progresse sans bruit. Qui va le plus vite ? Chacun y va de son calcul, prend en compte le temps du chauffeur, ramène le score au prix du gasoil. Au final, il semblerait que l’équipe au tracteur remporte la manche. Peu importe, il est 17h45, les 2000 plants sont en terre. Baptiste sort les pousse-pousse récupérés chez les agriculteurs voisins, genres de binettes à roues d’un autre siècle. On les pousse entre les rangs de jeunes betteraves pour éradiquer l’ennemi. La lumière commence à prendre ses teintes de fin d’été. Dans l’objectif, on hésite entre la Petite maison dans la prairie et Sarah Kay chez les Mormons. Nos ongles ? Noirs et durablement crottés. Dire qu’il reste 30 000 poireaux à planter…

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