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Slow food youth : mangez jeunesse !

Depuis près de 30 ans, le réseau Slow food défend une « nourriture bonne, propre et juste ». Des Pays-Bas à la Corée en passant par le périphérique parisien, une nouvelle génération de gourmands vient désormais grossir les rangs.

À quoi pense-t-on lorsque l’on est jeune et fringant ? Quand on s’appelle Bastien Beaufort, que l’on a été biberonné au guarana et aux diaporamas sur les peuples indigènes (sa mère Claudie Ravel est la fondatrice de Guayapi) : à faire bouger le monde depuis son assiette. « Slow Food croit que nous avons tous un droit fondamental au plaisir d’une nourriture de qualité et par conséquent le devoir de protéger l’héritage de produits, de traditions et de cultures qui rendent ce plaisir possible », explique le grand brun qui a rejoint le mouvement il y a déjà quelques années.

Réunion de jeunes du monde entier à Turin. ©Elisabeth Lanz
Réunion de jeunes du monde entier à Turin. ©Elisabeth Lanz

Lorsque Bastien se met à détailler les couches du mille-feuilles de Slow Food, mouvement né en 1986 en Italie, il n’est pas question de décrocher. La structure est complexe tant il y a de dossiers à traiter. Pour faire simple, Slow Food défend l’éco-gastronomie. C’est à dire, la diversité des saveurs, la petite agriculture, les techniques de pêche, d’élevage et de production durables. L’objectif est à la fois d’éduquer au goût et de les multiplier. Dans le mouvement, les principaux outils de l’antidote au fast food s’appellent Arche du goût, Sentinelle, Terra Madre…

« L’Arche du goût (rapport à l’Arche de Noë) est une sorte de liste rouge des aliments menacés de disparition, rapporte Julie Rouan, membre parisienne de Slow Food. Elle identifie les espèces et les pratiques à sauver de l’oubli. » Aujourd’hui 2050 produits provenant de 83 pays figurent dans ce catalogue. En France, on retrouve notre pélardon affiné des Cévennes, les anciennes cerises d’Itxassou, la menthe poivrée de Milly-la-Forêt, le chou de Lorient, la vache Villard-de-Lans, le porc cul noir du Limousin…

Visite sur le terrain, les pieds dans la cressonnière.
Visite sur le terrain, les pieds dans la cressonnière.

Répertorier les espèces en danger c’est bien, leur offrir un avenir c’est encore mieux. C’est en ce sens qu’ont été créées les Sentinelles. Des petits groupes de consommateurs et de producteurs agissent sur le terrain pour sauvegarder ces races animales, ces espèces végétales et leurs pratiques de production associées. « Nous aimerions prochainement ajouter le cresson de fontaine à la liste des 450 Sentinelles existantes, explique Julie. Le cresson hier très présent dans les vallées de l’Essonne notamment, est aujourd’hui en voie d’extinction. Nous en sommes à la phase d’approche avec une petite communauté de producteurs. »

Par la suite, l’idée est de travailler sur un cahier des charges de production partagé avec les cressiculteurs. Un certain nombre de propositions et objectifs y seront inscrits comme éliminer ou réduire les traitements chimiques, utiliser des emballages écologiques, transformer le produit pour plus de valeur ajoutée… Suivra enfin une phase de soutien à la commercialisation, la plus équitable possible pour que le cresson puisse enfin sortir la tête de l’eau.

Terra Madre et sa réunion du Slow Food Youth, ©Elisabeth Lanz
Terra Madre et sa réunion du Slow Food Youth, ©Elisabeth Lanz

Dans l’éventail des propositions Slow Food, il y a aussi le grand raout que beaucoup ne souhaitent pas louper. Tous les deux ans, la manifestation Terra Madre, rassemble plus de 2500 communautés alimentaires à Turin pour échanger sur les modes de production les plus respectueux des hommes et de la planète. Une fête à la fois gourmande, joyeuse, studieuse à laquelle participent plus de 5000 délégués de 180 pays… Bastien y traîne sa chevelure à la Julien Clerc (époque « Lili voulait aller danser ») quasiment à chaque édition. « L’an passé, j’y étais au titre du Slow Food Youth Network (SFYN), une branche du mouvement dédiée aux jeunes. Il y avait plus de 40 pays différents représentés des 5 continents. Ca nous a conforté dans l’idée qu’il fallait qu’on développe ce genre d’initiatives en France. »

« Les conviviums (les antennes locales qui défendent les couleurs de Slow Food) sont dans l’Hexagone une quarantaine, confie Julie. On y adhère comme une association classique et cela fait vivre le mouvement. Mais notre idée est de proposer d’autres modes d’action et d’engagements plus flexibles, de rassembler plusieurs disciplines autour de l’alimentation, de toucher les plus jeunes et les plus engagés. »

Brain storming spécial Disco Soupe, ©Steffen Schweizer
Brain storming spécial Disco Soupe, ©Steffen Schweizer

Le tour du monde des bonnes idées portées par les moins de 35 ans a commencé en 2007 et n’en finit plus d’essaimer. En Allemagne, le SFYN est à l’origine des Schnippeldisko, les premières Disco soupes qui ont depuis conquis la planète. Au Pays-Bas, le Food Film Festival d’Amsterdam, un festival annuel de trois jours, présente l’alimentation sous toutes ses coutures. On y découvre des documentaires et des films ainsi que des débats et ateliers. En Uruguay, il y a les Slow Camp, des rencontres sud-américaines autour de l’alimentation et la lenteur. Tout au long de l’année, le SFYN organise des événements dans le monde entier, des marchés aux conférences en passant par les festivals.

« Un mouvement sans jeunesse est un mouvement sans avenir, » écrivait Carlo Petrini, fondateur du mouvement il y a quelques années. Qu’il se rassure la bonne bouffe semble avoir trouvé un nouveau souffle.

Le réseau organise également des eat-in, de vastes initiatives gastro-politiques où l’on partage idées et nourriture. Il créé des lieux de débats et rencontres entre paysans et citadins, relie des jeunes fromagers ou pêcheurs de différents pays autour de leurs pratiques artisanales de production… Il y a même un réseau des peuples indigènes qui se met en place !

Oui les jeunes gourmands font aussi (surtout) la fête. ©Marjolein Van Vucht
Oui les jeunes gourmands font aussi (surtout) la fête. ©Marjolein Van Vucht

Dans l’Hexagone, tout reste encore à inventer. Ca tombe bien la bande à Bastien recherche des gourmands, des militants, des artistes, des chefs, des agriculteurs pour faire bouillir la marmite. Vous apportez votre grain de sel ?

Pourquoi rejoindre le mouvement SFY en France ?

  • Parce que vous ne pouvez imaginer un plateau de fromages sans l’époisses au lait cru
  • Parce que la bonne bouffe ça se partage
  • Parce que le k-way et les bottes sont à nouveau à la mode
  • Parce qu’il est bon de plonger les mains dans la terre
  • Parce que le monde se refait autour d’une bière
  • Parce que vous souhaitez faire votre part
  • Bref, retrouvez leur page Facebook ici et écrivez-leur un petit mail .

Photo de Une : Yann Deva – Photographe / Vidéaste

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