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Décroissance maison

La maison autonome : quand écologie rime avec liberté 

Au nord de Nantes, la famille Baronnet prouve depuis quarante ans que l’on peut vivre d’amour, d’eau de pluie et de rayons du soleil. Bienvenue au écohameau autonome du Ruisseau.

Patrick Baronnet, sur son terrain acheté 6 000 euros dans les années 1970.

Ce petit hameau, c’est l’antre de Brigitte et Patrick Baronnet, qui avec leurs quatre enfants vivent avec 700 euros par mois sans factures d’eau ni d’électricité depuis quarante ans. Des ermites ? Non, des rêveurs pragmatiques qui placent la quête de l’autonomie au cœur de leur vie.

Commençons par le commencement. Nous sommes en mai 68. Les Baronnet prennent conscience que les partis politiques ne changeront pas le monde. Ils doivent miser sur l’autonomie pour faire bouger les lignes et décident ensemble de prendre leur vie en main, pour ne plus vivre par procuration.

Sur le papier, c’est toujours plus facile à écrire. Dans la réalité, il leur faut d’abord quitter Paris, leur ville natale. Nous sommes en 1976, Patrick vient de terminer ses études et s’apprête à enseigner. Il choisit de poser son cartable en Loire-Atlantique et, avec sa femme, s’installe à Châteaubriant. En arrivant, les deux jeunes mariés réalisent que pour atteindre leur but d’autonomie, ils doivent devenir propriétaires. Ils prospectent alors dans la campagne pour trouver un bien à acheter. Pour 6 000 euros, ils dénichent la petite maison au milieu des champs où ils vivent encore aujourd’hui.

Six panneaux photopiles génèrent le peu d'électricité nécessaire, notamment pour Internet.

Dans les années 1970, l’heure n’est pas à l’écologie. Brigitte et Patrick passent alors pour de doux allumés. Les paysans voisins ne leur donnent pas sept ans avant de rejoindre les faubourgs parisiens. Pourtant le couple fait son petit bonhomme de chemin. Pendant vingt ans, ils tentent de s’affranchir des « faux besoins » et de trouver ce qui leur est le plus indispensable pour vivre : boire, manger, se chauffer, habiter, s’entraider… C’est ainsi qu’ils restaurent leur petite maison en la transformant en habitat autonome, un véritable modèle écologique. Pour cela Patrick a inventé des techniques remarquables.

J’ai la conscience libérée du poids d’être complice des pollutions et du gaspillage, en proposant une alternative crédible.

Comment ça fonctionne une maison autonome ? Avec le vent, la pluie, le soleil et la terre ! Les Baronnet ne reçoivent plus de factures d’eau depuis qu’ils ont enterré deux cuves en béton de 4 000 litres dans leur jardin. L’eau de pluie glisse sur les toits et atterrit dans les cuves. Pour être totalement autonome en eau, il leur faut aussi réduire leur consommation ! Les Français consomment en moyenne 130 litres d’eau par jour et par personne, Brigitte et Patrick seulement 20 litres. Comment ? Grâce aux toilettes sèches. Quand on sait que 25 % à 30 % de la consommation d’eau potable des ménages passe par les WC, il n’y a pas de secret. Le but de ces toilettes est aussi de créer du bon compost. On réintroduit nos déjections dans l’écosystème agricole, dans l’idée de créer un cycle : on se nourrit, on nourrit la terre, qui elle-même nous nourrit…

Les légumes du potager rejoignent directement le garde-manger dans une pièce fraîche : pas de frigidaire !

Ici, on ne connaît pas plus les factures d’électricité ! Patrick et Brigitte se sont débarrassés de tout ce qui était trop énergivore et ont revu leur équipement en fonction de leurs besoins. Frigidaire et congélateur sont bannis de la maison depuis bien longtemps. La famille utilise un garde-manger dans une pièce fraîche ou dehors suivant la saison. Végétariens, ils vont directement chercher leurs légumes au potager ou mangent des légumes déshydratés ou lactofermentés. Pour l’éclairage, les ampoules à led permettent de ne quasiment pas consommer d’énergie. Quant à l’eau, elle est chauffée avec un bouilleur d’âtre en hiver et avec le chauffe-eau solaire en été.

Le Zome permet aux habitants du hameau de se réunir.

Enfin, pour se chauffer, le couple a favorisé une bonne isolation au chanvre et confient au bouilleur d’âtre ainsi qu’aux deux serres installées côté sud de la maison la totalité du chauffage. Pas question pour autant de se couper du monde. Les Baronnet ont conservé machine à laver, ordinateurs, téléviseurs et box internet, tous équipés d’un interrupteur pour ne jamais les laisser en veille ! Pour leur fournir le peu d’énergie électrique dont ils ont besoin, la famille peut aussi compter sur le vent, grâce à une éolienne vent faible, et au soleil avec six panneaux photopiles (6 mètres carrés).

Au début des années 2000, alors que la famille recevait de plus en plus de public, un premier bâtiment a été conçu pour recevoir les visiteurs à l’abri. Il s’agit d’un Zome. Ce bâtiment sert désormais de lieu de réunion pour les trois familles qui vivent également dans le hameau.

Conclusion : pour transformer leur petit nid en maison confortable et autonome, pour changer la société sur leur palier, Patrick et Brigitte ont investi 14 000 euros pour la vie ! Soit le prix d’une voiture neuve. Ça ferait pas un peu réfléchir ?

 

28 commentaires

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  1. Pour les personnes intéressées, prochaine visite de la maison autonome :
    Les 26 mars, 23 avril, 21 mai, 18 juin, 9 juillet.

  2. Nous avons vécu avec deux enfants pendant 15 ans sans électricité,tout bêtement parce que cela coûtait trop cher pour la faire installer. A l’époque les capteurs solaires étaient hors de prix, nous nous éclairions en 12 volts sur batteries et nous couchions très tôt le soir ! Les enfants ont appris à couper la lumière en sortant d’une pièce, bien obligés ! Nous nous chauffions avec une cuisinière à bois, qui alimentait quelques radiateurs et faisait l’eau chaude en hiver, en été c’était un petit panneau solaire à circulation d’eau.
    Disons-le tout net à ceux qui rêvent : c’est très difficile ! Quant à réussir un potager capable de nous nourrir nous n’y sommes jamais parvenus !
    Maintenant j’adore payer ma facture d’électricité, qui est faible car j’ai gardé mes habitudes de petite consommatrice !
    Donc sans aller jusqu’à une complète autonomie il y a des tas de choses, que l’on peut faire, que l’on peut utiliser autrement pour consommer moins. En tout !
    Je pense qu’il ne faut pas être trop jusqu’au-boutiste car on décourage les bonnes volontés. Il y a des gestes simples qui, si chacun les faisait dès à présent, préserveraient déjà notre planète.

  3. Bravo à toutes ses envies bravo à ceux qui l on fait, il n y a pas de curseur bien moin bien ou super ou nul ! Ils ont avancé !! Il faut du courage, de la curiosité, il faut de l intérêt pour remettre la nature et l homme au centre de notre vie 🙂 donc bravo 🙂
    Perso je construit pour accueillir un jour ceux qui auront envie de vivre cette vie là et qui n en on pas les moyens financiers mais les connaissances et un peu de temps 🙂
    J y arriverai :-)… il me faut encore 1 an

  4. L’autonomie c’est aussi notre projet! En banlieu de Bruxelles, ce n’est guère possible! Toutefois, au niveau du chauffage, nous avons découvert et auto-construit le poêle de masse en briques réfractaires et Briques d’argile, le tout enduit d’argile pur. Le tout pèse 1,6 tonne et chauffe une bonne partie de la maison. C’est un réel plaisir : avec un feu de 4kg de mauvais bois sec, on se chauffe 12 heures. Les gaz de combustion sont brûlés, pollution:0. La chaleur reste accumulée dans le poêle puis se restitue pendant des heures…Une belle économie et une empreinte écologique nulle! Et une opportunité pour éliminer les déchets de jardin à condition de les faire sécher! Des palettes peuvent également convenir…
    Yvonne et Yves de Waterloo Belgique

  5. Magnifique projet! Je suis admirative et heureuse de voir que certains refusent cette technologie qu’on developpe et qui nous prive de notre liberté.

  6. Merci pour cet article intéressant.
    L’auteure peut-elle nous éclairer sur 1 point : d’où viennent les 700€ de revenus ?
    Par ailleurs, leur démarche est un bel exemple de réduction d’impacts environnementaux d’une famille et on ne peut qu’admirer leur travail. Toutefois, sur la question de l’autonomie, cet exemple tend à démontrer qu’elle n’est qu’une utopie inatteignable : cuves en béton, panneaux solaires, serres… Quelle alternative « autonome » à ces matériaux qui rendent leur « autonomie » possible ?

  7. […] Au Nord de Nantes, la famille Baronnet prouve depuis 40 ans que l’on peut vivre d’amour, d’eau de pluie et de rayons du soleil. Bienvenue au éco-hameau autonome du Ruisseau. L’histoire pourrait débuter ainsi : "Nous sommes en 2015. L’état a la main mise sur tous les Français…  […]

  8. Bonjour à tous,

    En effet, vous pouvez aller visiter le hameau uniquement à la belle saison, les visites ont lieux une fois par mois.
    En attendant, je vous conseille à tous le très bon livre de Patrick Baronnet « De la maison autonome à l’économie solidaire ».

  9. lol 6000€ ? Non à mon avis il y a une erreur de zéros là.
    Il y aurait sans aucun doute plus de Patrick et Brigitte s’il on trouvait des maisons à ce prix…

    1. Claire, 6000 € c’était en 1976 (environ 40000 francs), bien sûr le prix de l’immobilier a augmenté mais il est possible de trouver des maisons à restaurer avec du terrain pour 20 à 30000 euro et parfois moins. Bien sûr avec du travail pour la restauration. Moi même j’ai acheté une vieille ferme avec un hectare de terrain en 1981 en Dordogne pour 100 000 francs (15000 €). j’ai tout remis aux normes (eau, électricité, toiture, etc) et sans être parfaitement autonome comme Brigitte et Patrick, je m’en approche doucement.

    2. Il ne faut pas oublier qu’ils ont acheté il y’a 40 ans donc les 6000€ ne sont plus au gout du jour, et devaient être une belle somme pour leur époque 😉
      Sachez que de plus en plus de personnes se lancent dans des projets comme celui ci et que ca marche!
      Pour notre part, nous avons investit 25000€ pour 1/2 hectare déjà pleins d’arbres fruitiers avec de l’eau a foison, à 10min de toute commodité et à 3/4h de grandes villes. Un investissement pour le solaire est ce qu’il reste de plus cher, mais indispensable.En mettant de coté pendant 2 petites années, ce n’est plus un rêve mais une réalité. Le plus dur est de sauter le pas pour se « confronter » à la simplicité, à la sobriété, au gout des bonnes choses… Que du bonheur <3

    3. Si, si, des maisons à ce prix ça existe. Mais ce sont souvent des ruines, ou des habitations à reprendre des fondations au toit… dans des zones pas forcement attractive: Campagne, la vraie, loin de tout. Allez dans les Ardennes par exemple…..

  10. Super projet et super article 😉 !
    Je vois sur les photos des présentations au public… Savez-vous si la famille organise effectivement des visites et quand ? Merci de votre réponse.
    Et pour répondre à Marie : en Ardèche, dans le Morbihan et sans doute ailleurs, il y a des maisons à moins de 40000 €… et beaucoup d’huile de coude !

    1. Bonjour
      Je suis daccord …seul bémol si je ne suis pas bricoleuse et que jai des problèmes de santé qui m’empêchent d’apprendre à savoir les faire ….comment faire ? Y a-t-il ds solutions ?

    2. Bonjour,

      pour trouver plus d’infos sur leurs stages et formations, tu peux taper leur nom sur google tu trouveras leur site internet avec toutes les infos.

  11. Merci pour l’article. Il faudrait plus de Brigitte et de Patrick sur terre. Ne serait-ce que pour les conseils car il faut etre un peu bricolo quand meme pour concevoir ce genre d’habitation. Et puis 6000euros la maison…Damned ! Va-t-en trouver ces tarifs maintenant…

    1. Très intéressant. Mais vivre à 6 avec 1/2 salaire suppose d’investir en temps de travail et d’acquisition des compétences : une société où tous passent la majorité de leur temps à construire et maintenir, cultiver, élever… plutôt que de se répartir les boulots (certains construisent, d’autres enseignent, ou cousent, ou participent à la production d’énergie etc…) me laisse un peu sceptique. Certes ils polluent moins, et de loin. Ils sont « autonomes » des services publics, ils inventent des solutions aux problèmes du quotidien. Mais finalement ils vivent comme au Moyen Age avec internet en plus. Et ils vivent entre eux (on peut aussi garder les enfants à la maison pour être autonomes de l’Educ Nat), est-ce l’idéal ? J’avoue que retrouver des collègues pour moi, les camarades de classe et amis pour mes enfants m’a toujours plu. La famille comme cocon industrieux, ça ne me fait pas rêver, désolée de casser l’ambiance.

    2. avec télé et internet c’est plus de moyen age. En plus, l’agriculture de type permaculture consome pas beaucpup de temps; c’est le transport vers/retour travail, c’est les cosmétiques et les télé et le shopping qui consomme énormément de temps. J’ai vu ça quand j’ai abandonne le supermarché, les malls, le télé: je gagne plus de 10 heures par semaine en plus je gagné de santé: les légumes de ma petit jardin sont 10 fois plus valeureux.

    3. Une vérité vous échappe peut être… Rien ne vous oblige a faire de même. L’essentiel dans tous ça, c’est de contribuer du mieux que l’on peut à réduire ses déchets, la pollution dans sa globalité que l’on génère.

      Vous pouvez très bien faire un quart du chemin qu’ont parcouru ses gens là, cela vous permettra de garder votre vie sociale tant désirée et de désencombrer votre conscience, si cette dernière l’est, bien évidemment…

      Cdt,

      Fanny

    4. Bonjour

      Simplement : vous avez tout dit, juste un peu de contribution et de solidarité….. c’est tout
      Merci, cordialement

    5. Marie, c’est possible… Plus en Loire-Atlantique, mais il reste des maison avec des bouts de terre pour une poignée de cerises en France…

    6. c’est vrai on peut trouver ça dans des départements ruraux comme la Lozère ou le Cantal, en cherchant un peu maisons ou fermettes à retaper avec du terrain pour un prix dérisoire.

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