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Drone d’agriculture

Il vole au-dessus des champs et permet de réduire la consommation d’engrais, premier poste de dépenses des céréaliers. Le drone, nouvel auxiliaire des grandes cultures ?

Equipé de sa mallette à peine plus grosse qu’un attaché-case, Romain Faroux, co-fondateur d’Airinov arrive sur le champ du Gaec des Trois Moulins à Ligné (en Loire-Atlantique) où l’on cultive le colza. Dans la mousse de sa valise, bien calés, deux ailes, un corps, quatre mini-caméras que le spécialiste assemble aussi facilement qu’un lego premier âge. Voilà l’engin, un drone prêt à voler. E-Bee : une pièce de 800 grammes dont la forme rappelle le croisement d’un choucas et d’une salamandre. Le capteur spécifique est signé Airinov et a récemment été breveté.

Un drone c'est quoi ? Le drone Airinov est une aile volante robotisée, automatique et guidée par GPS.
Un drone c’est quoi ? Une aile volante robotisée, automatique et guidée par GPS.

Objet volant archi identifié

La bête s’élance sur les champs de Daniel et Didier Rupaux, deux agriculteurs plutôt branchés high tech. Sur la base d’un itinéraire défini en amont, elle monte dans les airs à 150 mètres du sol, vole à la vitesse de 60 km/h, prend avec ses 4 caméras 2 photos par seconde. La parade est légère, aérienne, sans bruit. En une heure, le drone est capable de couvrir 100 hectares. Parfois, quelques bêtes sauvages tournoient avec lui.

Que ramène-t-il sous ses ailes ? Des photos des champs, mètre carré par mètre carré.  Le capteur infra-rouge du drone mesure la lumière reflétée par le feuillage des cultures et indique l’état du développement du couvert végétal. Nous, vulgaires êtres humains ne voyons en une plante que du vert, le robot lui peut distinguer de multiples variations de couleurs en fonction de la vitalité de la plante, en fait 4 fois plus de nuances que nous.

 

Drone premimère génération. Ce printemps 2013, déjà 1000 agriculteurs et 10 000 hectares ont vu voler le drone quand les images satellitaires ont couvert 620 000 hectares.
Drone première génération. Ce printemps 2013, déjà 1000 agriculteurs et 10 000 hectares ont vu voler le drone.

Précision au mètre carré

Cet objet volant développé en 2010 par la start-up Airinov, la seule entreprise droniste aujourd’hui à être vraiment spécialisée en agriculture possède pas mal d’avantages par rapport aux images satellitaires largement développées aujourd’hui (620 000 hectares cartographiés en 2013). D’abord, il vole quand on le souhaite contrairement aux passages des satellites qui sont déterminés à l’avance, peuvent être perturbés par les nuages. Ces derniers retardent, voire compromettre, les mesures. Le robot, lui, plane à moins de 150 mètres du sol et donc bien en-dessous des cumulus.

« C’est un point important, témoigne David Leduc, conseiller agronome de la Chambre d’agriculture de Loire-Atlantique partenaire du projet. Les jours de mauvais temps les images satellites ne peuvent pas être exploitées. » Par ailleurs, le rendu du drone est très fin. Les parcelles se trouvent découpées en pixels d’un mètre carré quand le satellite donne des données plus à la louche (de l’ordre de plusieurs m2). Bien sûr, la prestation d’Airinov ne s’arrête pas là. Les deux relevés effectués, l’un à l’entrée de l’hiver, l’autre à sa sortie, sont retranscris en cartes de biomasse.

La parcelle agricole passée au scanner.
La parcelle agricole passée au scanner.

Sur les cartes, le bleu foncé indique une faible quantité de biomasse, de matières végétales si vous préférez, en rouge, un bon rendu et entre les deux toutes les nuances de jaune et de vert, pointent des cultures plus ou moins développées. « Ces cartes en révélant l’hétérogénéité de la pousse de la culture vont aider à comprendre le fonctionnement agronomique de la parcelle et permettre d’adapter la conduite de la culture à chaque zone », explique David Leduc.

Des algorithmes développés avec l’INRA et le CETIOM (le Centre technologique des olinéagineux) traduisent ces couleurs en niveaux de fertilisation à apporter aux différentes zones de culture. « Grâce à cette technologie de pointe, les interventions de fertilisation ne se font plus de façon uniforme sur la parcelle, mais sont pratiquées de façon raisonnée, en adaptant le niveau des apports aux besoins réels des plantes. » Les agriculteurs les plus équipés peuvent même faire converger ces données avec les boîtiers de guidage de leurs engins. Leur tracteur télécommandé ajuste les épandages quasiment au mètre près.

Drone sous sa cloche au salon de l'agriculture.
Drone sous sa cloche au salon de l’agriculture.

 

Au plus près des cultures

Depuis l’hiver 2012, la chambre d’agriculture de Loire-Atlantique invite les agriculteurs de son secteur à recourir  aux drones pour réaliser des économies de fertilisation (et des économies tout court donc) et être en conformité avec la réglementation qui ne cesse de réduire les doses d’intrants autorisées (ce qui est une bonne nouvelle). Les premiers tests uniquement sur du colza ont montré qu’en zonant les parcelles, les apports d’azote sont réduits. « En moyenne, l’agriculteur gagne 73 euros par hectare, précise David Leduc. Un avantage économique pour l’agriculteur et environnemental pour tous. » « L’investissement est vite amorti, explique Florent Mainfroy, ingénieur à l’origine d’Airinov. Notre prestation complète est facturée 15 euros à l’hectare. »

A l’avenir, le drone pourra également réaliser des mesures de pousse de l’herbe pour la gestion des fourrages, traquer les plantes invasives dans les marais, comme la Jussie, séduire les agriculteurs biologiques. Pour l’heure, il vient de replier ses ailes et de rentrer bien au chaud dans sa boîte capitonnée.

 

4 commentaires

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  1. La lecture de la vigueur des plantes peut se faire depuis le sol étant celle-ci plus précise car l’herbe adjacente n’est pas comptabilisée. De plus cet outil terrestre est moins énergivore car les senseurs sont manuels ce qui donne à l’agriculture une vision plus accessible et humaine

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